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Titre : Des histoires pour cent ans

Auteur : Grégory Nicolas

Éditeur : Rue des Promenades

Ad vitam aeternam

Le livre de Grégory Nicolas comporte deux parties. La première se déroule au moment de la Seconde Guerre Mondiale. La seconde est contemporaine dans un contexte particulier de guerre civile où le gouvernement interdit la production et la consommation d’alcool de plus de 9° ce qui annonce l’arrachage de tous les vignobles français.

Entre les deux ? Deux générations de trois familles vous contemplent. Tout d’abord, les aïeuls ayant vécu la Seconde Guerre Mondiale. Marthe et Marcel fuient l’Est de la France avec dans leurs valises un bébé, Henri. Perrine, libre mais un peu trop, fuit la honte que ses voisins ont imprimée sur son corps en la tondant, en la marquant à vie. Pierre fuit le vide laissé par son grand-frère parti dans la résistance. Ils ne se connaissent pas, ne se croisent pas.

Et pourtant, les générations futures, dans un récit guerrier contemporain, créeront ce lien absent de la première partie mais qu’on devine malgré tout.

Ces histoires pour cent ans accompagneront tout lecteur qui a une âme, un cœur. Pour deux raisons.

Tout d’abord parce que Grégory Nicolas sait parfaitement adapter son style à la période à laquelle il correspond. Celui de la première partie fleure bon le style d’antan, le style de nos grands-parents : il a le goût de l’authentique. A travers les voies des personnages de Grégory Nicolas, ce sont celles de nos grands-parents qu’on entend derrière. Il touche juste en terme de vocabulaire, d’expressions, d’ambiance. Grégory Nicolas pourrait presque avoir vécu deux vies : celle de ses grands-parents et la sienne et il les aurait mises toutes les deux dans son roman.

Ensuite, Grégory Nicolas a une façon, bien à lui ? il n’en a certainement pas le monopole, mettons troublante d’impliquer directement le lecteur dans son récit en l’interpellant, en le prenant à témoin, en lui demandant presque son opinion en direct. A partir de ce moment-là, happé d’une part par le récit mais aussi et surtout par les personnages et leurs histoires à la fois particulières et universelles, le lecteur ne peut plus ni relâcher le livre ni ne pas se sentir concerné par le récit.

Et puis, j’ai déjà eu l’occasion de le dire sur certain réseau social, je ne sais pas si ça tient à sa simple humanité ou plutôt à son humaine simplicité, mais les histoires de Grégory Nicolas ne font pas que vous toucher : elles émeuvent, elles chamboulent. Ce n’est pas pareil : c’est mieux, c’est pur. Et pour plus de cent ans !