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Titre : Tout le monde aime Bruce Willis

Auteur : Dominique Maisons

Éditeur : La Martinière

Tout le monde aime Dominique Maisons

Précaution liminaire : ami lecteur qui a, comme moi, adoré les aventures de Max et Giovanni dans « On se souvient du nom des assassins » ne passe pas ton chemin mais soit averti que cela n’a rien à voir.

Dans la famille Century, je demande le père : Jack. Seul le pouvoir l’intéresse. Seul le fait de pouvoir le transmettre à son fils l’intéresse. Seul le fait d’humilier sa fille l’intéresse.

Dans la famille Century, je demande la mère : Florinda. Seul le néant abyssal de sa soumission à son mari semble intéresser Jack. Quant aux centres d’intérêts de Florinda, en dehors de la chirurgie esthétique, on a du mal à la cerner.

Dans la famille Century, je demande le fils : Bruce. Seul le fait de pouvoir suivre les traces de son père l’intéresse. Seul le fait d’avoir à son tour un descendant avec sa femme l’intéresse.

Dans la famille Century, je demande la fille : Rose. Seule, elle l’est, indéniablement… Isolée au sein d’une famille qui la rabaisse à chaque occasion, isolée au sein d’une industrie hollywoodienne toujours prompte à ne miser que sur l’image et l’apparence, Rose a pourtant une personnalité bien marquée que tout le monde entreprend d’enfermée, de réduire au néant.

Dans la famille Century, je demande le « garde du corps » : Gordon. Chargé de la sécurité de Rose et de masquer ses frasques de stralette, il semble être le seul et unique soutien de Rose. Il porte sur elle un regard presque bienveillant, à tout le moins compréhensif.

Ah oui, j’oubliais de demander le cadavre dans le placard de la famille Century : Scarlet. La grande sœur de Rose s’est suicidée, oppressée elle aussi par la pression familiale et le caractère d’enculé total de la figure paternelle.

S’il y a un vrai fond dans ce roman, on sent bien qu’ici Dominique Maisons s’est offert un petit quart d’heure récréatif et s’est amusé avec ses personnages à les rendre volontairement caricaturaux, à les placer volontairement dans un univers lui-même caricatural, ce roman portant ainsi la caricature en lui-même comme si celle-ci était inscrite dans ses gênes, dans celles de la société dans laquelle il se déroule.

Au sein de ce monde, que se soit la famille génétique ou la famille du cinéma, qui broie ou finira par broyer tous ses protagonistes, la figure de Gordon surnage et représente le seul rayon de soleil d’humanité de cet univers pervers et narcissique. Il n’est alors plus innocent que Dominique Maisons s’amuse à le pervertir à son tour comme pour prouver qu’il n’y a vraiment aucun espoir à avoir dans ce monde-là.

Dominique Maisons s’emploie ensuite à faire tout de même un vrai « polar » en habillant cette farce d’un costume dramatique en plongeant Rose dans une affaire de sosies parfaits qu’on sent poindre dès le démarrage du livre mais à laquelle Rose ne semble pas vouloir ou pouvoir prêter toute l’attention requise. On a d’ailleurs envie de secouer littéralement Rose : ne pas voir dans les coïncidences liées à sa présence à deux endroits en même temps, sur la base des témoignages de quelques personnes de son entourage, relève de la pure bêtise. Mais bon, il faut bien que Dominique Maisons mette en place son scénario et ne distille les indices au lecteur qu’au fur et à mesure du récit.

La seconde partie, qui dispense tout de même pas mal d’informations sur les tenants et les aboutissants, m’a semblé un poil trop longue mais ne vient tout de même pas gâcher cet agréable moment de lecture où on finit bien, dans la troisième et dernière partie, par s’amuser avec l’auteur de ses délires scénaristiques. C’est léger, c’est efficace, les ficelles sont parfois un tantinet grosses, mais c’est aussi de temps en temps tout ce dont on a besoin…