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Titre : Nuit américaine
Auteur : Pierre Rehov
Editeur : Cosmopolis
Comediante, tragediante, mafiante…
« Nuit américaine » est un roman sur la mafia italienne aux Etas-Unis. C’est une façon de voir les choses. Pour moi, c’est avant tout un roman d’amour inconditionnel entre un ado italien, Fabio, dans les années 50 et une jeune femme, Rafaela, aussi éprise de cinéma que du garçon.
Fabio est pris dans la tourmente des manigances de deux mafieux napolitains, en tue un, s’enfuit aux Etats-Unis sur les traces d’un oncle mystérieux qui ne se montre jamais mais dont l’ombre plane sur tous les faits et gestes de Fabio, grimpe dans la hiérarchie de la mafia italienne new-yorkaise avant d’être enfin recueilli par l’oncle qui en fait son fils adoptif.
Rafaela, elle, reste à Rome, abandonnée enceinte par Fabio (qui n’est pas au courant de la grossesse de Rafaela) et démarre une brillante carrière à Cinecitta en tant qu’assistante des plus grands réalisateurs italiens. Sa vie l’amènera à entreprendre un voyage professionnel aux Etats-Unis au cours duquel elle recroisera la route de Fabio qui, entre temps, s’est lancé lui aussi dans le cinéma, en mémoire de son amour laissé en route.
La situation de Fabio du côté de Los Angeles n’est pas des plus stables, opposé à une mafia sudaméricaine qui ne raisonne qu’en termes de violence, de pouvoir, de prostitution et de drogue là où la mafia s’est toujours refusée à aller.
La narration mafieuse n’est là, à mon sens, que pour donner corps à une merveilleuse histoire d’amour que se rit du temps et de l’espace. Elle n’est pas sans intérêt, ne vous y trompez pas, mais elle est là pour servir un un autre propos. Celui-ci étant plus fleur bleue, Pierre Rehov l’entoure de cette chape de plomb faite de gangsters, de bravoure, d’intelligence, d’honneur et de trahisons.
Fabio est une vraie tête brûlée, de la trempe de celles qui foncent tête baissée et réfléchissent ensuite, mais fatalement uniquement aux conséquences désastreuses de leurs actes et non pas à leurs actes eux-mêmes. Etonnant qu’avec cette attitude, le seul plomb dans la tête que Fabio finisse par recevoir ne soit pas fait du métal dont on fait les balles…
Rafaela, au contraire, à la tête sur les épaules et les pieds sur terre. Mais le cœur ayant ses raisons que la raison ignore, le seul fait d’être en présence de Fabio lui fait perdre la tête au point de ne rien voir ni comprendre (ou de ne rien vouloir voir ni comprendre) de ce que sont Fabio, son oncle et leurs acolytes. Seuls les derniers évènements dans lesquels Fabio et Rafaela sont impliqués sont à même de lui dessiller enfin les yeux.
Il y a certes quelques longueurs dans le roman qui aurait pu bénéficier de quelques coupes mais malgré cela, il reste une très agréable lecture, bien écrite et prenante.
Il y a un côté tragédie shakespearienne dans le déroulé de l’histoire telle qu’elle nous est contée par Pierre Rehov, en tout cas dans son achèvement. Les histoires d’amour finissent mal, en général…