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Titre : Helstrid

Auteur : Christian Léourier

Editeur : Le Bélial

This is the road to Helstrid

Quelle belle idée que cette belle collection ! « Une heure lumière » a la prétention de proposer des textes de SF (on au Bélial) dont les principales caractéristiques résideraient dans la courte longueur du texte, son caractère inédit et son aspect hautement qualitatif. Cahier des charges rondement rempli pour ce « Helstrid » qui prouve qu’on peut faire court et efficace.

Sur la planète Helstrid, hostile à la vie humaine mais source de ressources énergétiques, quelques êtres humains ont accepté de s’exiler loin dans la galaxie qui pour fuir son passé, qui pour s’enrichir, en travaillant d’arrache pied. Le travail est pénible, la récompense est à la hauteur de cette pénibilité et surtout du prix à payer : le retour sur Terre se fait 50 ans après l’avoir quittée quand bien même la présence sur Helstrid est courte. Ne plus avoir de repères humains justifie le salaire qui attend les exilés à leur retour et plaide pour que ceux cherchant à fuir quelqu’un ou quelque chose participent volontairement à ce programme. C’est le cas de Vic.

Il quitte la base centrale, pour rejoindre un avant-poste d’extraction qui a besoin de ravitaillement, à la tête d’un convoi de trois camions dotés d’intelligence artificielles appelées Anne-Marie (le camion dans lequel il fera le voyage a priori sans risque), Béatrice et Claudine.

Le trajet est connu, maîtrisé par les IA programmées pour gérer tous les cas… sauf l’imprévu. Tout au long du trajet et des incidents qui l’émaillent, Vic et Anne-Marie s’opposent constamment. Programmée pour préserver la vie de Vic, Anne-Marie prend des décisions qui vont à l’encontre de celles de Vic. Les décisions de l’IA sont orientées par les informations contenues dans son programme et basées sur les expériences passées quand celles de Vic sont dictées par l’instinct, l’impulsivité.

Quand l’IA applique des procédures issues de situations passées à des cas inédits, Vic réfléchit à ce que la nouveauté implique comme modifications de l’attitude vis-à-vis d’une situation donnée. Quand l’IA réagit froidement, Vic réfléchit autant avec son cerveau qu’avec son instinct.

Cette novella propose une belle réflexion sur la relation entre IA et être humain et la confiance que l’un doit ou peut mettre dans l’autre. Les échanges de Vic et Anne-Marie sont riches de tout cela.

Malgré cela, il est intéressant de noter que les réactions d’Anne-Marie différent de celles des deux autres IA : quand Vic souhaite faire la même chose que Béatrice et Claudine, Anne-Marie justifie son point de vue totalement différent ar le fait que ses objectifs et ceux des deux autres ne sont pas les mêmes. Si Béatrice et Claudine ont pour mission de rejoindre l’avant-poste pour le ravitailler, tout comme elle, Anne-Marie avance qu’elle a un autre objectif qui prime sur celui-ci : ramener Vic intact à l’avant-poste.

Cette obsession et l’excessive confiance en soi que développe Anne-Marie, outrepassant ainsi son strict rôle d’IA et d’assistante, mènent petit à petit Vic vers des dangers de plus en plus grands. Et on sent bien qu’au fur et à mesure, Anne-Marie développe une certaine forme de fatalité devant ce qui leur arrive alors que Vic s’encre fermement dans l’existence inamovible d’un espoir tant qu’il y a de la vie.

Ajoutez à cela, les incessants souvenirs qui assaillent Vic, ceux de sa vie sur Terre, de sa relation avec Maï, le tout servi par un style merveilleuse fluide et vous obtenez un court roman drôlement efficace et prenant.