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Titre : La nuit des fous

Auteur : Anouk Shutterberg

Editeur : Récamier Noir

Nuit tu me fais peur…

Il s’agit de ma première incursion dans le catalogue des éditions Récamier. Mes lectures suivantes, que ce soit en Récamier Noir ou pas, me confortent dans l’idée qu’il s’agit d’un catalogue intéressant.

Pour ce qui est de cette « Nuit des fous », on est dans un cadre de polar somme toute classique, tant dans la forme que dans le style. Du point de vue de l’histoire… c’est une autre histoire et le livre porte bien son titre : on est bien chez les fous !

On ne sait pas ce qui est le plus fou d’ailleurs ici. Est-ce l’histoire ? Est-ce l’auteur qui va tout de même assez loin dans le noir (voire le glauque) ? Sont-ce les personnages et leurs actes ? Ce qui finalement est intéressant dans ce livre, ce n’est pas la crédibilité ou la cohérence de l’histoire ni nécessairement le style mais les mécanismes mis en jeu par l’auteur pour parler de la folie.

Celle-ci prend plusieurs aspects. Il y a celle d’Elise, jeune trentenaire qui découvre, à la mort de son père, l’existence cachée d’une tante auprès de qui elle va trouver refuge alors qu’elle mène seule sa grossesse. Il y a celle qui s’installe entre Elise, sa tante et le mari de celle-ci (je ne rentrerai pas dans les détails). Il y a celle induite d’un mystérieux tueur qui a semé des cadavres, enfermés dans des boites parallélépipédiques, enterrées et tournées dans des directions bien précises pour mieux délivrer un message. Il y a enfin celle de Jourdain, le flic chargé de l’enquête, dont la mort de la fille a provoqué des failles psychologiques importantes et des comportements obsessionnels.

Inévitablement, l’histoire d’Elise et celle des corps mutilés retrouvés enterrés se retrouvent entremêlées et l’enquête de Jourdain le mènera sur les traces d’une histoire de folie qui s’étale sur plusieurs années.

Après, il faut tout de même préciser que les âmes sensibles devraient y réfléchir à deux fois avant de plonger dans les méandres psychologiques des personnages d’Anouk Shutterberg et surtout de leurs actes violents. Séquestration, violences psychologiques et physiques, harcèlement moral, (auto-)mutilations, l’auteur n’y va pas avec le dos de la cuillère (contrairement à un des personnages, mais je ne vous en dis pas plus). Cette débauche d’hémoglobine est-elle nécessaire ? L’outrance des agressions verbales et physiques est-elle un passage obligatoire pour atteindre les objectifs que l’auteur s’est fixés ? A chacun de répondre à cette question. Anouk Shutterberg fait partie de cette catégorie d’autrices comme Barbara Abel ou Karine Giebel qui n’ont pas froid aux yeux.