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Titre : Bob Dylan et le rôdeur de minuit

Auteur : Michel Embareck

Éditeur : L’Archipel

Voilà un livre Cash

Le point de départ est basique : à ses débuts, Bob Dylan a bénéficié du soutien, puis de l’amitié, de Johnny Cash. A ce duo vient se greffer le Rôdeur de Minuit, animateur nocturne de radio déjà rencontré dans son précédent roman « Jim Morrison et le diable boiteux » mais de façon beaucoup plus périphérique.

Ce « midnight rambler » endosse ici un rôle de témoin : il nous abreuve, sans jamais nous saouler, d’anecdotes, de souvenirs, de noms, de titres, de références… on sent, sous la plume de Michel Embareck, que ce rôdeur erre encore dans les brumes d’une époque bénie, d’une époque foisonnante, d’une époque disparue comme il disparaîtra bientôt lui-même, d’une époque qui a vu des mythes prendre le relais de mythes précédents et jouer le rôle de fossoyeur de mythes futurs qui ne verront plus le jour… ni la nuit.

Les passages du rôdeur alternent avec des moments de la vie de Bob Dylan et des échanges fictifs de courriers entre Dylan et Cash. Du mythique concert de Newport qui a vu le passage de Dylan de l’acoustique à l’électrique – le concert qui a électrifié la moitié de son public et électrocuté l’autre moitié ! – aux frasques de Cash en passant par les amours des uns et des autres, les révoltes individuelles ou l’influence de chacun sur, pèle-mêle, la musique, son entourage ou son public.

Et puis, en pointillé, mais pas tant que ça en fait, de façon assez clairement proclamée en fait, Michel Embareck entreprend de réhabiliter le Prix Nobel de Littérature obtenu par Dylan. Gageure ? Pari intenable ? Alors que je partais avec un a priori particulièrement négatif à l’encontre de l’attribution de ce Prix Nobel à un chanteur scribouillard (ne frappez pas, c’est comme ça que je le voyais), force est de constater que sans avoir lu une seule ligne de Dylan je suis prêt à signer des deux mains pour la réattribution de ce Prix Nobel une seconde fois.

Le propos est forcément subjectif mais Michel Embareck le fait avec intelligence et surtout empathie, empathie partagée du coup par le lecteur. Il montre à quel point le fait que Dylan se soit inscrit dans un mouvement pop folk contestataire colle à la chronique systématique de la société américaine à laquelle se livre Dylan.

Après, où se situe la part de vérité ?, où se trouve celle de la fiction ?, on s’en contrefiche dans les grandes largeurs (et pas dans les grandes longueurs, il n’y en a pas dans ce livre). C’est juste super agréable à lire quand bien même le parti pris de Michel Embareck saute aux yeux, aux oreilles, un peu partout dans tous les sens. On l’apprécie aussi pour ça.